Définitions

Sacrer employé comme verbe

  • Conférer un caractère sacré par le moyen de certaines cérémonies religieuses.
    • Nommer à un poste important.
      • Déclarer solennellement.
        • Par analogie
      • Donner violemment.
        • Québec
      • Rejeter, abandonner violemment.
        • Québec
      • Jurer, blasphémer, faire des imprécations, mais aussi exprimer sa surprise, sa joie, sa douleur.
        • Intransitif
      • Se foutre de.
        • Pronominal
        • Familier
        • Québec

      Exemples

      À une date indéterminée, le Capétien aurait accordé aux « habitants de la ville où il avait été sacré roi » et à ses faubourgs […] divers privilèges : […].

      — Eric Bournazel, Louis VI le Gros, Fayard, 2007

      Alors qu'il occupait des postes influents dans les administrations Nixon et Ford, Rumsfeld s'était employé à miner les ambitions présidentielles de Bush père en le faisant sacrer ambassadeur en Chine, en l'éloignant du centre des pouvoirs.

      — Le Devoir, 13 novembre 2006

      Il a été sacré grand écrivain, grand artiste.

      — Le Devoir, 13 novembre 2006

      Le laitier déposa chaque jour à leur porte, comme à toutes les portes de la rue, la bouteille de lait qui les sacrait, sinon citoyens anglais, du moins hôtes de la Grande-Bretagne.

      — René Fallet, Charleston, chapitre III ; Éditions Denoël, Paris, 1967

      Il a sacré un coup de poing sur la table. — Il s'est sacré un coup de marteau sur le pied.

      — René Fallet, Charleston, chapitre III ; Éditions Denoël, Paris, 1967

      [...] elle nous a dit que même si c'est exaltant d'aider un géant à décoloniser le Québec, ce n'est pas une vie ; que si elle n'était pas obligée de le faire elle sacrerait son camp.

      — Réjean Ducharme, L'hiver de force, Gallimard, 1973, page 45

      « Et c'est vrai aussi que je sacrais un peu. À vivre tout le temps avec des hommes « rough » dans le bois ou sur les rivières, on s'accoutume à ça. Il y a eu un temps que je sacrais pas mal, et M. le curé Tremblay m'a disputé une fois parce que j'avais dit devant lui que je n'avais pas peur du diable.

      — Louis Hémon, Maria Chapdelaine, J.-A. LeFebvre, Montréal, 1916

      Des envies folles lui venaient de rosser Blanchette à coups de trique ; mais cela ne changerait rien à la situation, et, furibond il sacrait comme un païen pour se soulager un peu.

      — Louis Pergaud, L'Argument décisif, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921

      Au Québec, on sacre surtout depuis le XIXe siècle, entre hommes surtout, dans les chantiers, les draves, les campements forestiers, dans et aux abords des moulins à bois pour ensuite étendre cette habitude aux populations urbaines. On sacrait à l'origine par frustrations de toutes sortes, en réponse principalement à une Église omniprésente, exigeante même […] De la colère et de l'intention volontaire de provoquer Dieu et ses représentants, les Québécois en sont venus à sacrer par habitude allant jusqu'à manifester par cet outrage leur surprise, voire même leur joie.

      — Le Devoir, 19 juin 2006

      Des jeunes qui se refusent à sacrer à tous les deux mots, qui s'attristent de la vulgarité ambiante et qui connaissent la différence entre l'essentiel et l'accessoire.

      — Le Devoir, 13-14 janvier 2007

      Je m'en sacre comme de l'an 40. — Je me sacre de ce que tu penses.

      — Le Devoir, 13-14 janvier 2007

      Ils s'en sacrent de l'argent, eux ; ils savent pas quoi faire avec ; ils aiment pas manger, s'habiller, aller en vacances à Miami, avoir le char de l'année ; ils aiment juste jouer avec leurs idées ; d'abord qu'ils ont une petite chambre où fourrer tranquilles leur petite femme fidèle bien admirative, qu'est-ce que ça peut leur faire l'argent ?...

      — Réjean Ducharme, L'hiver de force, Gallimard, 1973, pages 139-140

      J'en ai profité pour dire à Moïse que des liche-c lui avaient écrit à Montréal que les livres étaient mêlés ici, etc., que je me sacrais bien des jaloux et que j'étais comme de coutume sans peur et sans reproche.

      — Journal de Lorenzo Létourneau (1900), 17 Eldorado, Qualigram/Linguatech, Montréal, 2006