Définitions

Piquer employé comme verbe

  • Percer, entamer légèrement avec quelque chose de pointu. Enfoncer, faire pénétrer une pointe.
    • Faire de petits trous, à l'aide d'aiguilles.
      • Coudre, unir, faire avec du fil ou de la soie, sur deux ou plusieurs étoffes mises l'une sur l'autre, des points qui les traversent et qui les unissent.
        • Par extension
        • Couture
      • Mordre, darder en parlant des serpents, de la vermine, des insectes.
        • : être follement épris ; avoir l'esprit exalté ou dérangé. (C'est à dire avoir été piqué par une tarentule qui était censée par sa piqûre provoquer la folie, l'exaltation.)
          • Par extension
          • Familier
        • Se dit également des insectes qui entament le bois, les étoffes, etc.
          • Clouter.
            • Maréchalerie
          • Éperonner un cheval pour le pousser au galop.
            • Manège
          • Plonger, tomber.
            • Familier
          • Descendre brusquement.
            • En particulier
            • Aéronautique
          • Aller à l'encontre du vent.
            • Marine
          • Larder.
            • Cuisine
          • Frapper perpendiculairement.
            • Billard
          • Détacher une note.
            • Musique
          • Sonner.
            • Par extension
          • Picoter la langue.
            • Faire une vive impression.
              • Figuré
            • Fâcher, irriter, froisser la susceptibilité ou la légitime fierté de quelqu'un, mettre en colère.
              • Euthanasier (en parlant d'un animal domestique).
                • Élevage
              • Emprunter, prendre ou voler quelque chose.
                • Familier
              • Se percer légèrement la peau avec quelque chose de pointu.
                • Pronominal
              • Injecter de la morphine ou de quelque autre substance analogue ; se droguer.
                • Pronominal
              • Se piquer le nez ; s'enivrer légèrement et habituellement.
                • Pronominal
                • Familier
                • Par ellipse
              • Se gâter, en présentant d'ordinaire des trous ou des taches.
                • Pronominal
              • Aigrir, tourner au vinaigre.
                • Pronominal
              • Se sentir offensé, prendre en mauvaise part.
                • Pronominal
                • Figuré
              • Se glorifier de quelque chose, en faire vanité, en tirer avantage, en faire profession.
                • Pronominal
              • Lors d'une corrida, achever un taureau d'un coup d'épée.
                • Tauromachie
                • Argot
              • Toucher l'adversaire, dans un duel à l'arme blanche.
                • Donner des coups d'aiguillon à un animal de trait pour le forcer à avancer.

                  Exemples

                  Je m'apprête, pour descendre à table. J'endosse un gilet de fantaisie, un vêtement sombre. Je pique une perle à ma cravate.

                  — Henri Barbusse, L'Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908

                  Piquer un papier, du carton.

                  — Henri Barbusse, L'Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908

                  Piquer des épingles sur une pelote.

                  — Henri Barbusse, L'Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908

                  Piquer un couvre-pied.

                  — Henri Barbusse, L'Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908

                  Piquer des bottines, Unir par des points l'étoffe des bottines à leur cuir.

                  — Henri Barbusse, L'Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908

                  Piquer un collet d'habit, des poignets de chemise, etc., y faire des points et arrière-points symétriques pour les orner.

                  — Henri Barbusse, L'Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908

                  Piquer à la machine, piquer des étoffes à l'aide d'une machine à coudre.

                  — Henri Barbusse, L'Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908

                  « Aujourd'hui, disait maman, nous irons chez Mlle Mariette piquer ton tablier. »

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Être piqué par un serpent.

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Être piqué par un moustique, par une guêpe.

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Les mouches piquent les chevaux.

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Ce gars ne sait plus ce qu'il dit, il est piqué !

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Et je dis pour m'expliquer À la belle dont je suis piqué. (Du film La Belle Équipe ; chanson : Qu'est-ce que tu dis d'ça de Maurice Yvain et Louis Poterat).

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Les miles, les vers ont piqué ce manteau.

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Ce livre est piqué des vers.

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Piquer un cheval, lui faire entrer la pointe du clou jusqu'à la chair vive, en le ferrant.

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Piquer un cheval et, absolument, piquer.

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Piquer des deux, faire sentir les deux éperons à un cheval afin d'accélérer sa marche.

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Piquer un galop.

                  — Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100

                  Ils piquèrent droit, au petit trot, et ils arrivaient sur l'aire quand la porte s'ouvrit.

                  — Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 352

                  Piquer une tête, se jeter, tomber la tête la première.

                  — Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 352

                  Il a piqué la tête la première.

                  — Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 352

                  J'ai failli piquer une tête du haut du mur.

                  — Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 352

                  Sur une petite plate-forme, les nageurs se pressent pour piquer leur tête.

                  — Guy de Maupassant, La femme de Paul, dans La maison Tellier, 1891, réédition Le Livre de Poche, page 226

                  L'avion revient vers nous, plane un moment sur nos têtes, glisse, remonte et, dans une dernière caracole, pique vers son hangar.

                  — Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, pages 203-204

                  Piquer au vent.

                  — Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, pages 203-204

                  Piquer de gros lard un morceau de bœuf, Le larder avec de gros lardons.

                  — Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, pages 203-204

                  Piquer la bille.

                  — Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, pages 203-204

                  Piquer une note.

                  — Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, pages 203-204

                  La cloche venait de « piquer » 19 heures, et nous descendions dîner quand le cri « un ours! » nous rappela sur le pont.

                  — Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928

                  Ce vin pique agréablement.

                  — Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928

                  Ce fromage pique.

                  — Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928

                  Il n'y a rien dans cet ouvrage, dans ce style qui pique et qui réveille.

                  — Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928

                  Il y a dans la physionomie de cette femme je ne sais quoi qui pique et qui attire.

                  — Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928

                  Piquer la curiosité de quelqu'un, Inspirer un vif désir de connaître.

                  — Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928

                  Ce discours l'a piqué au vif.

                  — Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928

                  La moindre chose le pique.

                  — Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928

                  Il dit souvent des choses qui piquent.

                  — Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928

                  Dès huit heures du matin, on se pressait dans le métro en bourrant tous les Parisiens maussades à l'idée d'aller au travail pour leur piquer les places assises. Parfois, on s'asseyait sur les strapontins […].

                  — Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015

                  Il se pique.

                  — Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015

                  Ce bois se pique, ces étoffes se piquent, les vers s'y mettent.

                  — Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015

                  Ce papier imprimé se pique, il commence à se gâter, faute d'avoir été étendu et séché.

                  — Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015

                  Ces confitures se piquent, elles ont des taches de moisissure.

                  — Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015

                  Une gravure, un livre qui se pique, où il se fait de petites taches d'humidité.

                  — Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015

                  Ce vin, cette boisson se pique, ce vin, cette boisson commence à s'aigrir.

                  — Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015

                  C'est un homme qui se pique du moindre mot qu'on lui dit.

                  — Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015

                  Il parle en homme piqué.

                  — Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015

                  Il faut avouer que les jansénistes, qui ne se sont jamais piqués d'être fins, l'ont été dans ces derniers temps bien plus qu'ils ne pensaient, et que les jésuites, qui se piquent de l'être beaucoup, ne l'ont été guère.

                  — Jean le Rond d'Alembert, La Suppression des jésuites (éd. populaire abrégée), Édouard Cornély, 1888

                  Comment le savez-vous ? lui demandai-je vexé, car je me pique de parler très purement l'espagnol.

                  — Gustave Aimard, Les Trappeurs de l'Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858

                  Les gens qui se piquaient d'orthodoxie marxiste n'ont voulu ajouter rien d'essen­tiel à ce qu'avait écrit leur maître […].

                  — Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap. V, La grève générale politique, 1908, page 246

                  Le généreux picador rejeta bien loin cette exception si avantageuse pour lui. « Si madame et mes compagnons n'ont pas libre pratique, dit-il résolument, je ne piquerai pas ! »

                  — Prosper Mérimée, Lettres d'Espagne, 1832, rééd. Éditions Complexe, 1989, page 55

                  Ribadier. — Ah ! mais, permettez ! Non ! s'il n'y en a qu'un qui ait le droit de piquer, ce n'est plus un duel, c'est une opération chirurgicale.

                  — Georges Feydeau, Le Système Ribadier, 1892, acte II, scène 3

                  Il ne sera jamais bon à rien pour le travail de la terre ; mettez-le un peu devant la charrue à piquer les bœufs, vous verrez combien il durera.— (Hector Malot, Sans famille, 1878)

                  — Georges Feydeau, Le Système Ribadier, 1892, acte II, scène 3